Interview de Marie Wartel, psychologue au sein des foyers « Résidence » et du SAVS « Le Colibri »

Une série d’interviews a été réalisée dans le but de saluer et de valoriser la contribution d’acteurs et d’actrices impliqué.e.s dans les activités de la recherche-action-formation I SAID. 

Aujourd’hui, nous donnons la parole à Marie Wartel, psychologue au sein des foyers « Résidence » et du SAVS « Le Colibri ».

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre organisme ?

Je suis Marie Wartel, psychologue au sein des foyers « Résidence » et du Service d’Accompagnement à la Vie Sociale (SAVS) « Le Colibri » ; établissements et service gérés par l’ASRL (Association d’Action Sociale et Médico-Sociale des Hauts de France). Les résidents qui participent au projet I SAID sont ceux accompagnés par les Foyers « Résidence ». Il s’agit de foyers d’hébergement pour adultes porteurs d’une déficience intellectuelle qui travaillent en ESAT, EA ou milieu ordinaire, à temps plein ou à temps partiel.

Il y a deux foyers :

Un foyer situé dans le Vieux Lille qui accueille 17 résidents. C’est un foyer collectif, qui propose un accueil en chambre individuelle avec une salle de bain privative. Les repas et les temps d’activité du week-end restent des temps collectifs. Par exemple, le cuisinier prépare les repas la semaine (du lundi au vendredi) avec la collaboration de quelques personnes accompagnées qui peuvent participer sous forme d’atelier à la préparation. Les week-ends, les résidents font eux-mêmes la cuisine ;

Un foyer situé à Loos qui accueille 14 résidents. Dans ce foyer il existe un triple dispositif. Dix résidents sont sur le même système de collectivité que le foyer de Lille. Trois adultes sont accompagnés par un dispositif appelé semi-autonomie, au sein duquel, ils expérimentent une vie autonome (repas, hygiène, gestion de la solitude…). Enfin, un studio d’essai, permet à la personne de conforter ses potentialités avant de se rendre en appartement autonome.

Concernant le SAVS, l’équipe accompagne, à ce jour, 21 adultes ; sachant qu’à terme, elle accompagnera 36 personnes, réparties sur différents dispositifs :

  • 7 appartements dans une Résidence Intergénérationnelle qui a ouvert très récemment sur Lille : la résidence Rives.
  • 8 studios au sein d’une Résidence Autonomie pour des personnes de plus de 55 ans, qui travaillent à temps partiel ou qui ont fait valoir leur droit à la retraite.
  • 6 appartements situés au sein de différents territoires (Lille et Loos)

Nous avons donc des offres très diversifiées.

Concernant le projet I SAID, nous avons décidé de le présenter aux résidents et de leur laisser le choix de s’inscrire ou non. Actuellement, deux résidentes du foyer de Lille ont été sélectionnées et ont déjà participé à la recherche. Une autre résidence du foyer de Loos a participé à des entretiens.

Pourquoi avez-vous rejoint le projet I SAID ?

Ce qui a vraiment attiré mon attention c’est cette triple dimension : recherche-action-formation. Mais également cette notion de bien-être, de santé et d’autodétermination. En effet, même si nous avons conscience que certains vont rester en foyer d’hébergement pendant tout leur parcours, nous poussons les adultes vers davantage d’autonomie et l’autodétermination est une des clés.

Un autre élément intéressant est le fait que cela s’adresse aux personnes ayant une déficience mais aussi à leurs proches et aux professionnels. Il y a donc trois partenaires qui peuvent bénéficier du projet.

Qu’est-ce que le projet I SAID apporte à vos résidents ?

Chez les résidents qui ont participé au projet I SAID, à travers des entretiens avec le chercheur mais qui ont également participé à la journée transfrontalière sur Villeneuve d’Ascq, on voit qu’il y a une réelle valorisation, par le fait d’avoir été pris en considération, d’avoir pu témoigner, parler de leur projet et de leur parcours de vie. Nous avons remarqué aussi une nette amélioration de l’estime d’eux-mêmes, dans le fait de pouvoir participer à un projet avec des chercheurs, des universités. C’est très valorisant. Ils se sentent inclus dans le projet, ils se sentent importants. On le remarque par exemple chez une résidente qui vit en appartement au sein de la résidence Rives et qui a été sélectionnée. Elle est toujours souriante quand on parle du projet I SAID.

Il y a aussi cet aspect formation qui va commencer à se mettre en place. Les personnes vont pouvoir se rencontrer entre pairs, parler de leur expérience de vie, profiter des expériences de vie des autres, progresser davantage, apprendre de nouvelles choses et surtout retenir davantage de conseils. Nous avons une réelle attente vis-à-vis de la formation.

Enfin, notre structure sera lieu de formation. Un des professionnels a déjà participé à une communauté de pratiques sur l’inclusion. Il y a une réelle envie de la part des professionnels de participer à ce projet.

Un grand merci à Marie pour son temps accordé !

Interview de Juliette Cartier, éducatrice spécialisée en foyer d’hébergement

Une série d’interviews a été réalisée dans le but de saluer et de valoriser la contribution d’acteurs et d’actrices impliqué.e.s dans les activités de la recherche-action-formation I SAID. 

Aujourd’hui, nous donnons la parole à Juliette Cartier, éducatrice spécialisée au foyer d’hébergement l’Oiseau Mouche à Roubaix.

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre organisme ?

Je suis éducatrice spécialisée au foyer d’hébergement de l’Oiseau-Mouche à Roubaix. Ce foyer accueille des personnes en situation de handicap intellectuel et/ou handicap psychique. Parmi nos résidents certains sont comédiens à la compagnie de l’Oiseau-Mouche, d’autres travaillent en ESAT Papillons Blancs.

Pourquoi avez-vous rejoint le projet I SAID ?

J’ai rejoint le projet I SAID avec deux autres collègues éducatrices pour tout le travail qui est fait autour de l’autodétermination. On trouvait cela intéressant de voir comment on pouvait amener davantage de parole et de choix aux personnes que l’on accompagne. Ce qui m’a aussi fortement intéressée, c’est l’échange de pratiques que l’on peut avoir entre professionnels grâce au projet I SAID : l’opportunité de connaître et prendre connaissance de ce qui se fait ailleurs, de réfléchir ensemble aux différentes façons de travailler, que ça soit en France ou en Belgique.

Qu’est-ce que le projet I SAID peut apporter à votre structure ?

Grâce au projet I SAID, nous avons accès à un partage d’outils intéressants notamment l’outil collaboratif, mais aussi des partages d’expérience qui nous permettent de voir ce qui se fait ailleurs et éventuellement de le proposer dans notre structure. Le projet nous permet également de rencontrer d’autres foyers, à travers les communautés de pratiques. Récemment nous avons rencontré des résidents du foyer ALPHHA à Croix et nous, professionnels, avons pu échanger avec eux et nous avons d’ailleurs prévu une nouvelle rencontre prochainement pour discuter ensemble de l’autodétermination. Il y a donc un réel lien qui se fait entre les différents établissements et nous avons la possibilité d’échanger sur nos pratiques, sur nos vécus, nos vies ou encore nos fonctionnements et de réellement bénéficier de ces rencontres.

Le projet I SAID c’est aussi la chance de pouvoir proposer aux adultes que nous accompagnons par exemple les stages pratiques à l’autodétermination, et d’en bénéficier avec eux. Un des adultes a déjà assisté à une première session de stage pratique avec une de mes collègues.

Quelque chose à ajouter ?

Le plus important pour nous c’est de ne pas être enfermé dans nos pratiques mais de pouvoir échanger et être ouvert sur d’autres fonctionnements.

Un grand merci pour le temps accordé à cette interview !

Interview de Pierre Vanroyen, Directeur du Foyer de vie « Paul Levayer »

Une série d’interviews a été réalisée dans le but de saluer et de valoriser la contribution d’acteurs et d’actrices impliqué.e.s dans les activités de la recherche-action-formation I SAID. 

Aujourd’hui, nous donnons la parole à Pierre Vanroyen, Directeur du Foyer de Vie « Paul Levayer », APAJH Nord.

Pouvez-vous nous présenter l’APAJH ?

L’APAJH (Association pour Adultes et Jeunes Handicapés) du Nord est une association qui existe depuis les années 1970. Elle est née d’une initiative d’enseignants à la recherche de solutions pour des enfants en situation de handicap et pour lesquels l’école n’était pas adaptée. Cette démarche a donné naissance à un premier établissement qui est l’Institut Médico-Educatif le Bois Fleuri, situé au Cateau, et au fil du temps, de nombreux établissements de service ont été créés. Aujourd’hui, l’association comporte une douzaine de structures dans le département, avec toujours cet IME, un service d’éducation spéciale et de soins à domicile qui lui est adossé (SESSAD) mais également deux foyers de vie dont le foyer de vie Paul Levayer qui est situé à Caudry et qui participe au projet I SAID. La vocation de l’association est d’accompagner les personnes en situation de handicap, quel que soit le handicap et à tout âge de la vie. Aujourd’hui, on parle de plus en plus d’enfants, d’adolescents, de jeunes adultes, de personnes avancées en âge travailleurs ou non, etc. Il y a énormément d’hétérogénéité dans les profils accompagnés.

L’association a ajouté un nouveau concept en termes de philosophie d’accompagnement : l’autodétermination, ce qui a beaucoup intéressé le Conseil d’Administration. Aujourd’hui, l’association s’en saisit de plus en plus pour lui permettre de conduire le changement qui est nécessaire pour contribuer à la désinstitutionalisation pour réussir à faire en sorte que l’on réponde mieux aux besoins et aux attentes des personnes accompagnées.

Qu’est-ce que ça vous apporte d’avoir rejoint le projet I SAID et comment êtes-vous impliqué dans le projet ?

Nous sommes impliqués dans le projet I SAID autour des trois principaux axes. Nous avons commencé par les entretiens individuels pour plusieurs résidents. Parmi les 44  personnes vivant au Foyer de vie Paul Levayer, il y en a plusieurs qui ont fait des entretiens individuels dans le cadre du projet I SAID. C’était un premier apport concret car une psychologue est venue pour faire des entretiens, a rencontré parfois les proches lorsque la famille était présente, ainsi que des professionnels de l’accompagnement.

Il y a aussi les communautés de pratiques, auxquelles on a participé également : l’année dernière sur le thème de la Santé Globale et cette année un parent tuteur de l’un des résidents participe à une communauté de pratiques en tant que co-animateur ; il suit une formation en ce moment pour co-animer cette communauté de pratiques sur les milieux inclusifs. C’est intéressant car cela permet vraiment d’associer davantage les familles.

Il y a aussi un 3ème volet très intéressant qui voit le jour dans le projet : la formation. On a participé récemment à une session d’information sur les stages pratiques à l’autodétermination. Suite à ces stages, un fil rouge se construit car les personnes qui ont fait des entretiens, depuis un an maintenant, et leurs proches ainsi qu’une professionnelle de l’accompagnement, vont pouvoir faire les stages pratiques à l’autodétermination qui vont être proposés cette année dans le cadre du projet I SAID.

Quelque chose à ajouter ?

 Je souhaite remercier tous les contributeurs du projet I SAID car je trouve que c’est extrêmement important d’avoir cette dynamique, à la fois de recherche mais toujours en liens étroits avec le terrain afin d’expérimenter les résultats de recherche en pratique. Un projet comme I SAID fait vraiment le lien entre les deux et donne quelque chose de vraiment concret. Cela permet de motiver les personnes intéressées : les principaux concernés, les personnes en situation de handicap accompagnées, mais aussi d’associer les familles et de motiver et d’outiller les professionnels. On a besoin de cette matière, de ces rencontres, de ces échanges de pratiques. De plus, le projet est franco-belge ce qui nous permet de comparer ce qu’il se fait de part et d’autre de la frontière et se retrouver autour de points communs. Merci à l’équipe projet et à l’Europe d’avoir pu créer cela. C’est un projet associatif que d’aller vers l’autodétermination, notamment des personnes en situation de handicap, pour tendre vers une société inclusive.

Un grand merci à Pierre pour le temps accordé à cette interview !